Utilisée depuis des millénaires pour la construction, la terre crue est de nouveau particulièrement appréciée aujourd’hui pour l’habitat contemporain : proximité de la matière première, savoir-faire et réhabilitation, sobriété énergétique et confort intérieur, etc. Il existe plusieurs techniques de construction utilisant la terre crue comme matériau structurel (pisé, bauge, adobe, brique de terre compressée, etc.) ou comme matériau de remplissage (torchis, terre-paille, terre-copeaux bois). Il est encore possible d’utiliser la terre crue comme enduit sur un support pouvant être ou non en terre crue.
La filière terre crue est très dynamique au niveau régional (patrimoine, savoir-faire, diversification d’activités, valorisation culturelle…), mais elle rencontre des obstacles pour se développer : les techniques de mise en œuvre sont peu connues par les professionnels du bâtiment, peu de professionnels ont les compétences requises et il existe des freins au niveau de l’assurance et de la réglementation.
Et pourtant, à force de persévérance des associations régionales (ARESO, ARPE, AsTerre, Collectif Terreux Armoricain, TERA) et d’un long travail du comité de suivi, 5 guides des bonnes pratiques sont disponibles en téléchargement libre (voir ci-contre). Ces guides s’adressent à la maîtrise d’ouvrage, la maîtrise d’œuvre, aux entreprises et aux organismes de formation.
A travers nos projets, nous participons à ce mouvement de diffusion de la possibilité de construire en marché public avec de la terre crue.
La terre crue est sans doute le matériau de construction le plus vieux sur la planète. 30 % de la population mondiale vit dans un habitat en terre. En Auvergne Rhône-Alpes, le pisé représente près de 80% du patrimoine construit avant 1947.
Le pisé est un procédé de construction de murs en terre crue, compactée dans un coffrage en couches successives à l’aide d’un fouloir.
Sur le chantier de Brangues, il est préfabriqué sur place et monté par trumeau de 1m de haut. Il est non-porteur et non isolé : les apports solaires sur cette façade sud compensent les déperditions thermiques.
Il y a également le phénomène de transfert de chaleur, d’eau et de vapeur au sein d’un matériau poreux ou comportement hygrothermique qui permet un confort de régulation de l’ambiance :
– s’il fait froid, la vapeur d’eau de la pièce rentre dans le mur, le traverse en partie, l’autre partie se condense et se fixe à la surface. Cette condensation dégage de la chaleur
– s’il fait chaud, l’air extérieur chaud et sec, traverse le mur et évapore petit à petit l’eau stockée dans les pores. Cette évaporation consomme de la chaleur : l’air arrive rafraîchi et humidifié
la construction/rénovation des maisons en terre s’appuie sur les savoir-faire des acteurs, générant une forte plus-value sociale et économique sur le travail humain. La terre crue ne produit aucun déchet, ne nécessite aucun emballage et son recyclage est naturel.(TERA Les professionnel-les de la terre crue en Auvergne Rhône-Alpes)
Concevant des bâtiments isolés en paille; naturellement, nous privilégions si le contexte (géographique, économique, programmatique) le permet, des enduits à base de terre crue. On les retrouve dans le projet du Centre Equestre La Barotte, le plus petit ERP du monde, l’Espace Novateur en milieu rural et Ecossignols.
Pour changer de paradigme constructif, lors de la construction du Centre Equestre du Lycée Agricole la Barotte, au sein du lot second œuvre, nous avons inséré dans le CCTP, un mur en brique de terre comprimée à l’intérieur de la salle de convivialité. Ce mur avait un rôle d’inertie thermique, esthétique et de démonstrateur pédagogique. Démontrer également à l’artisan conventionnel qu’il était capable de monter un mur en terre. Au départ, très réticent, il a au fur et à mesure des rangs achevés pris du cœur à l’ouvrage et même admis en fin de chantier qu’il y avait pris plaisir. On espère qu’à travers ces petits changements, un basculement pourra s’opérer.
Après plusieurs tentatives de projets avec torchis (concours ou phase esquisse), nous avons enfin une maîtrise d’ouvrage qui souhaite faire un mur utilisant cette technique de construction mixant terre et paille (et assez souvent plâtre). Sa moins bonne performance thermique (si l’on s’en tient juste aux valeurs réglementaires de lambda et de résistance thermique) est compensée par l’inertie et l’hydro-régulation qu’il apporte.
On aimerait beaucoup faire un projet en Bretagne et* en bauge !
*ou
Ecrits
Guide des bonnes pratiques, Groupes Régionaux Terreux, auto-édition, avril 2019
Règles Professionnelles Enduits sur supports composés de terre crue, Réseau Ecobâtir, Editions du Moniteur, août 2013
Paroles
« Le gros inconvénient du pisé, c’est qu’en cas de forte chaleur, tous les voisins viennent chez vous prendre le frais » Nicolas Meunier, juin 2019
Toile
Association TERA (pisé)
Visite de chantier
Bureaux en pisé à Lyon